• CE2_Proposition 6

    Proposition 2/ 6

    Proposition de Michel WITASSE

     

    30/01/2021. Je viens de recevoir le cadavre d'Eric Pineau.

     Questions :

     Sans roi, sans reine, sans cavaliers, un fou est-il encore un fou ?

     S'il n'y a plus que des fous, comment pourraient-ils savoir qu'ils sont fous ?

     Qu'est-ce qui distingue un fou d'un autre fou ? La couleur, l'accoutrement, la place sur l'échiquier ?

     Sont-ils joués ou bien jouets ?

     De quoi protègent ces ombrelles, puisque la lumière vient de la droite ?

     Fin de partie ou fine partie ?

    Sur un échiquier, le combat de 2 folles blanches parasolées et d'un fou noir. En fond une toile ; elle isole la scène  qui seule compte : à défaut de faire table rase, on fait fond ras. Ce fond est non seulement imposant par sa taille, mais il est moche dans sa couleur, sa forme et sa fonction. Il prive volontairement de tout contexte, la scène devient symbolique, universelle et intemporelle. Une allégorie du théâtre : sur une scène on a disposé des personnages : il n'y a pas de décor, la scène se suffit à elle-même, lieu de rencontres, de combats, d'alliances, de stratégies, le monde en quelque sorte.

     Intemporel, le combat entre le bien et le mal, les hommes et les femmes, les blancs et les noirs, les riches et les pauvres, ceux qui sont sur les bonnes cases et les autres. Il n'y a plus de roi, plus de reine, uniquement des individus livrés à eux mêmes. Pas davantage de joueurs, le destin n'existerait-il plus ? Affublés de ces ombrelles un tantinet ridicules, ces fous seraient-ils des folles en recherche d'identité ?

     Le photographe a choisi son cadrage, laissant le lecteur à ses questions. Cadrage sélectif, évidemment intentionnel.

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    L'échiquier m'a renvoyé au dallage de la cathédrale d'Amiens et à son labyrinthe symbolique.

     Un carré noir, un carré blanc, il y eut un soir, il y eut un matin... les jours se suivent, pas nécessairement identiques ; le temps fait son œuvre.

     Le fou noir doit mourir, je lui ai trouvé un tombeau dans la cathédrale également.

     Les deux folles blanches sont des féministes radicales, des meetouseuses qui gargouillent des propos obscènes et incendiaires et des revendications égalitaires, sans doute pour un monde meilleur,... demain ; demain sans doute ; demain peut-être.

     C'est le bruit du monde qui nous revient en écho dans les journaux et les media.

     Le fond, c'est encore la cathédrale. Elle est devenue la maison des hommes, sur le sol, du blanc et du noir, du bien et du mal, individualisme, racisme, lutte pour le pouvoir, le mensonge voire pire. J'ai gardé là-haut le bleu et le rouge des parasols. Un peu d'espoir et le feu des passions.

     C'est pas drôle, d'accord. Mais c'est aussi un autoportrait : 3 séjours récents en hôpital, l'âge qui commence à peser, le covid, les repères qui s'effondrent tout autour. L'incertitude, le doute et l'angoisse qui montent lentement, lentement ... lentement.

    Michel WITASSE

     

    Voir ce qu'en a fait Julia ASFOUR... (cliquer pour accéder à la proposition 7)